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PRESENTATION DU SHUAI JIAO
LES QUALITÉS MORALES ET EFFICACITE
La finalité de la lutte est de développer le contrôle de soi face à toutes les situations. Nourrie par une influence religieuse (taoïsme et bouddhisme), la lutte chinoise oriente ainsi le pratiquant vers un épanouissement personnel et une harmonie corps-esprit ; ceci confère à cet art une dimension spirituelle.
Quant à l'efficacité de cet art, il serait ridicule de penser qu'il ait la prétention de régler tous les problèmes par les combats à main nue surtout à l'aube du 21ème siècle. Il a pour visée d'apporter et d'être un critère de référence en matière d'éducation physique, mentale et psychique. Au-delà d'une polarisation sur une totale efficacité qui est loin d'être l'ultime but de cet art, une pratique sincère, sous sa forme traditionnelle, permet de cultiver sa force interne par la rigueur de l'entraînement. Le Shuai Jiao est : "l'art de combattre sans combattre".
LE SHUAI-JIAO EN FRANCE
Le Shuai Jiao doit son développement en Europe, Afrique du Nord et particulièrement en France à Maître YUAN Zumou. Responsable Technique National, champion de Chine en 1965, qui a formé de nombreux professeurs et champions en France, mais aussi à travers toute l'Europe. Les compétitions ne sont pas absentes du panel d'intérêts que propose ce sport : interclubs, coupe de France, tournois internationaux jalonnent régulièrement le calendrier des pratiquants.
Maître YUAN ZUMOU
L'HISTORIQUE
L'HISTOIRE ET LA LÉGENDE
Le Shuai Jiao, ou lutte chinoise, est le premier art martial pratiqué en Chine et son histoire remonte a plus de 5000 ans. C'est l'art de la projection et du combat au corps à corps ; les techniques de combat à distance (coups de poing et coups de pied) n'ont été développées qu'ensuite. Le Shuai Jiao est toujours pratiqué par les plus grands maîtres des différents arts martiaux dont il est à l'origine.
L'histoire des arts martiaux chinois, ou Wushu, est très ancienne ; ses racines remontent à la plus haute antiquité. Il y a plus de 5000 ans, deux tribus rivales étaient installées le long du Fleuve Jaune. L'une était dirigée par le célèbre Huang Di (plus connu sous le nom de l'Empereur Jaune) et l'autre par Zhi You, dont les guerriers avaient la particularité d'être coiffés d'un casque à cornes. Les cornes étaient utilisées lors des combats pour transpercer l'ennemi. Huang Di entraînait ses guerriers à esquiver ces redoutables attaques de cornes, puis à déséquilibrer leurs adversaires. Ainsi, grâce à sa technique, Huang Di vainquit Zhi You et unifia le pays. Depuis cette époque, lors des fêtes, dans une danse traditionnelle, le Jiao Dixi, les danseurs imitaient les combats des guerriers. Les uns portaient des casques à cornes, tandis que les autres tentaient d'éviter les attaques en déséquilibrant l'assaillant. C'est la première manifestation en Chine d'un art martial à main nue et qui allait devenir la lutte chinoise.
NAISSANCE DE L'ART MARTIAL
Sous la dynastie des Zhou (-1122 à -221 av. J.C.), la lutte chinoise servait à l'entraînement des armées, rôle qu'elle allait garder tout au long de son histoire. Sous la dynastie de Qin (-221 à -207 av. J.C.), il devint un divertissement apprécié de l'aristocratie. Un peigne sculpté datant de cette dynastie a été découvert en 1975 dans un tombeau de la province de Hu-Bei. Les premières compétitions eurent lieu au début de l'ère chrétienne. Celles-ci prirent une ampleur extraordinaire à l'époque des Sui (581 à 868) où elles se déroulaient sur plus d'un mois, en présence de l'Empereur. Les annales de l'époque rapportent que des mandarins, indignés par le faste de ces réunions qui détournaient le peuple de ses activités, en réclamèrent l'interdiction. Mais bien des empereurs se passionnèrent pour l'art de la lutte. Le cas le plus fameux est celui de l'Empereur Zhuangzong de la dynastie Tang (618 à 907) qui joua et perdit une ville dans un combat contre Li Cunxian, grand champion de l'époque.
ÉVOLUTION
En arrivant à la période des Song (760 à 1278) des écrits sont consacrés au Shuai Jiao avec notamment le "Jiaoli Ji" (livre de lutte) qui en présente l'histoire, les théories, les techniques et qui est attribué à un certain Diao Luzi. De nombreux autres ouvrages de l'époque le mentionnent tel que le fameux roman au bord de l'eau. Lors du règne de l'Empereur Wanli (1573) de la dynastie Ming, la grande encyclopédie Wanbao Quanshu, éditée sur ordre impérial, lui consacrait une étude. Ce texte passa au Japon, où il influença probablement le développement du Ju Jitsu. A la même époque, un expert de Shuai Jiao, Chen Yuen Lu, se rendit dans ce pays et enseigna son art à trois disciples, qui par la suite fondèrent chacun leur propre école de Ju Jitsu, dont le Kito-ryu, une des sources du judo moderne. Notons que le créateur de l'école Yoshin-ryu, était un médecin japonais qui avait acquis son savoir en Chine.
Ces influences chinoises sur la formation des arts martiaux japonais sont d'ailleurs un fait connu de nombreux pratiquants et historiens et la conséquence du rayonnement culturel de l'Empire du milieu à cette époque. Avec la dynastie des Qing (1644 à 1911), le Shuai Jiao devait se structurer en école dont la plus grande fut le Shang Puying, école rattachée à la cour impériale, qui comptait trois cents athlètes se consacrant entièrement à cet art et affrontant régulièrement d'autres équipes de lutteurs, parfois venues de Mongolie. De nos jours, le Shuai Jiao est devenu une discipline sportive importante tant en République Populaire de Chine qu'à Taïwan.